Bonjour bonjour,
Peut-être que ma petite histoire peut servir. Peut-être que pas du tout et dans ce cas pardonnez-moi (mon commentaire pourra être effacé sans souci).
J’ai découvert le féminisme il y a quelques mois. J’ai 24 ans et je n’avais même pas conscience de son existence. J’ai fait des études de droit et ce sujet n’a jamais engendré le moindre débat dans mon entourage. Je n’ai jamais associé ce combat à l’hystérie, aux femmes moches et poilues, aux lesbiennes… Aucun cliché puisque pour moi les féministes c’était l’IVG en 1975 (date à laquelle ma mère avait 6 ans donc niveau transmission générationnelle on repassera) soit 3 lignes dans mon cours.
Ce qui m’a fait ouvrir les yeux c’est le quotidien. Petite on m’a vite fait comprendre que pas de bol j’étais une fille, ça allait être plus difficile. J’ai donc cherché à faire comme et mieux que les hommes pour avoir ma place et je l’ai eu sans grand mal. Cette année j’ai pris conscience que j’avais ma place dans un environnement exclusivement composé d’hommes. Je n’ai jamais eu d’amiE, mon meilleur ami est gay et j’ai développé une trouille bleue des groupes de filles. Les « petites amies » de mes copains (de différents groupes à différentes périodes) étaient occasionnellement invitées avec nous pour boire jouer et danser, jamais pour prendre un café, discuter ou manger. Sans gêne ils leurs disent « c’est entre mecs » (en gros). Ma présence entrainait des jalousies compréhensibles et vite censurées par la phrase « Marie c’est différent, elle est comme nous ». Privilège ou insulte ? Le fait est que l’exclusion de mon propre sexe était partout autour de moi sans me concerner réellement (la méchanceté et la jalousie sont très simples à supporter quand on est du côté des oppresseurs, elles confortent même). La salope qui traîne avec nos mecs c’est moi.
Je tombe pas hasard sur une BD de Diglee où elle parle des problèmes liés à son sexe dans son milieu professionnel. Je vais voir les liens qu’elle donne et après 10 minutes sur internet j’ai le sentiment de découvrir un monde nouveau et tenu secret : le FEMINISME. Je creuse et ça me passionne quasi-instantanément. L’aspect débat sans fin me fait bouillir de joie, jusqu’au jour où les réflexions sexistes me touchent et me mettent en colère. Je défendais celles qui ont cherché à me nuire. Incompréhension totale de leur part de mon entourage et difficulté à convaincre du mien. Novice et rapidement à court d’arguments, la frustration était énorme. Je cherchais un moyen simple et rapide de communiquer ce que j’apprenais. Mais comment ? Comme Eva (commentaire du dessus), j’ai tous les jours envie de me lancer dans un projet qui sera limpide, qui fera le « buzz ». J’ai un respect profond pour les sites comme celui-ci qui permettent de débattre. Mais je ne peux pas demander à mes amis de lire des pavés pour saisir l’idée. Je trouve les débats inaccessibles au plus grand nombre et j’y retrouve un certain élitisme intellectuel et terminologique qui me dérangeait en droit.
Si une BD comme celle en cause dans cet article n’est pas parfaite, elle a déjà le mérite d’être. J’ai peur depuis des mois de publier des choses au sujet du féminisme, peur de faire des erreurs, d’être affichée ici par exemple pour qu’on me dise ce qui ne va pas dans mon travail. L’aspect public de la critique me parait violente et peu productive. J’aurais tendance à la laisser à la partie adverse.
J’ai quitté la faculté cette année pour préparer un dossier afin d’intégrer le Centre d’études féminines et d’études de genre à Paris 8 (papa, respire ça va aller…). Ce centre est totalement méconnu et invisible, ce qui le met en danger en permanence. Pas une personne n’en parle sur les réseaux sociaux. Rien. Une fois par an, une journée porte ouverte est organisée pour que les membres d’associations discutent avec les doctorants. UNE FOIS PAR AN ?! Mamamia. Je suis une grosse bouse en communication, j’ai jamais été capable d’utiliser twitter mais si il faut que je me tape un master en communication pour y arriver je le ferais. Parce que la fille à vélo c’est moi. C’est la fille là qui est le moins apte à ouvrir les yeux puisqu’elle ne souffre pas de sa situation. Mais c’est la fille là qui une fois au courant peut aussi aider. La BD et la vidéo sont à mon sens le meilleur moyen d’y parvenir, même si ce n’est pas parfait.
Voilà, en espérant que ça pourra rassurer les personnes qui comme moi sont au début de la prise de conscience et ont peur de se décourager. Pardon pour la longueur, je repasse après ma formation en com (j’en transpire d’angoisse devant mon ordinateur, il y a du boulot). Sinon, merci à ce site qui me guide dans mes réflexions au quotidien :)